Antoine Emaz, poème contre la peur
Antoine Emaz
Peur, 4
(23.09.02)
elle bouge avec la lumière
on croyait l’avoir lâchée
à nouveau donc aller de face
front à front
pas facile
de placer des mots
entre la lumière qui tombe
et puis la peur qui vient
on ne sait d’où au point
de devoir prendre l’air
qui manque
une suée dedans
on dit peur pour
à peu près ça
***
pas besoin d’aller chercher
loin le passé on le retrouve
sous la peau
elle bat dans le noir qui vient et ferme
aussi bien les mots le ciel
on est dessous on ne sait pas
ce qui fait que l’on est
tellement de verre face au dehors
seul
parmi les impasses vives du jour
et demain qui oblige
la peur n’est pas dans la lumière qui baisse
elle n’est pas dans le ciel
elle sourd de ce qui pèse
et fait venir la nuit aussi
dedans
***
fin du ciel et son bleu
de cahier d’écolier dans l’œil
cela n’aide guère c’est juste
une couleur d’avant qui revient
pour rien comme un sourire
demain loin la nuit longue
à passer dans les boucles d’images
on sait un peu contrer
comme tout le monde
avec le temps dévier masquer
ce qui pourrit au fond du sombre
ne pas demander davantage
Antoine Emaz, De peu, Tarabuste, 2014, pp. 129 et 130.
Ce texte appartient à Os, repris dans le volume cité et paru une première fois en 2004 aux mêmes éditions Tarabuste.