Cécile Coulon : Prix Apollinaire 2018
Le Prix Apollinaire, fondé en 1941, couronne chaque année « en dehors de tout dogmatisme d’école ou de technique un recueil caractérisé par son originalité et sa modernité ». Il est considéré comme un Goncourt de la poésie – en partie parce que certains membres du jury ont été ou sont jurés Goncourt, comme Hervé Bazin, Robert Sabatier ou Tahar Ben Jelloun.
Présidé par Jean-Pierre Siméon, le jury est composé de personnalités du monde de la poésie : Marc Alyn, Linda Maria Baros (secrétaire générale), Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, Fabienne Courtade, Philippe Delaveau, Guy Goffette, Jean Portante et Jean Rouaud. Cette année, deux lauréats ont été retenus.
Cécile Coulon est née en 1990 à Clermont-Ferrand.
Après avoir fait ses débuts littéraires à l’âge de 16 ans avec Le Voleur de vie (Revoir, 2007), elle publie cinq autres romans chez Viviane Hamy, dont Le roi n’a pas sommeil (Prix Mauvais genres 2012), Le Cœur du Pélican (2015) et Trois saisons d’orage (Prix des libraires 2017).
En 2018, paraît son premier recueil de poèmes : Les Ronces. Comme l’écrit Tahar Ben Jelloun, la poésie de Cécile Coulon « est un regard tendre et exigeant jeté sur le réel. Poésie de l’audace et de l’émotion née d’images inattendues, belles, fortes et quotidiennes, mais il s’agit d’un quotidien intérieur, pensé, rêvé, inventé par une jeune femme qui aime la vie et lui rend hommage avec vérité et musique ».
EXTRAIT :
Ma force (extraits)
Ma force c’est d’avoir enfoncé mon poing sanglant
dans la gorge du passé
Ma force n’a pas d’ailes
Ni de griffes
Ni de longues pattes
Ma force a construit un peu d’humanité
Ma force a toujours soif
...
Ma force souffre en silence
Ma force m’accompagne
Elle m’a si souvent ramassée
Ma force est légère
Ma force ne m’oublie pas
Quand je crois l’avoir l’oubliée
Ma force n’est pas un don du ciel
Ma force n’est pas un don du sang
…
Ma force est fragile
Ma force ne demande rien
Ma force a toujours faim
Ma force a toujours froid
Cécile Coulon parle de poésie et de son recueil
Alexandre Bonnet-Terrile, né en 1999, actuellement élève en classe préparatoire à Paris, publie régulièrement des poèmes dans des revues telles que Poésie première, Lichen ou Place de la Sorbonne. Les Numérotés est son premier recueil : « des poèmes brefs et incandescents » qui laissent transparaître « une maturité exceptionnelle dans l’écriture ». Ou, en d’autres termes, « l’entrée fracassante en littérature d’un jeune poète de 17 ans », comme le souligne Zéno Bianu.
Lors de la délibération finale, des voix se sont également portées sur le recueil Dieu est à l’arrêt du tram (Gallimard) d’Emmanuel Moses et sur le recueil L’espoir à l’arraché (Le Castor Astral) d’Abdellatif Laâbi.
La récompense salue également ses mécènes : Catherine Mathivat, présidente des Deux Magots dote le Prix Apollinaire de 3.500 euros et le Prix Apollinaire Découverte de 500 euros et accueille les lauréats, le jury, la presse et les amis lors d’un cocktail dans son établissement. Pierre Guénant, du vignoble Villa Baulieu, et Pierre Walusinski, de la librairie Nicaise, ont présenté la cuvée Apollinaire 2018, dont la bouteille est illustrée par une gravure originale de Richard Texier.
Le prix a été 12 novembre, à 19 h, au café Les Deux Magots, avec une lecture des poèmes de Guillaume Apollinaire, ainsi que des recueils primés par Catherine Frot.