Décharge chronique Les Cahiers des Passerelles
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Les Cahiers des Passerelles publient depuis 2009, année où deux cahiers étaient parus. Il fallut ensuite attendre plus d’un an pour que le troisième vît le jour. Publication irrégulière, pour le moins qu’on puisse en juger, mais tenace : le plus récent, de cette année 2017, porte le numéro 26. Et je reconnais que jusqu’à ce que Léon Bralda le poète, à moins que ce soit Lionel Balard le graveur et plasticien (une seule et même personne, on l’aura compris), m’envoie l’intégrale de la production, j’ignorais tout de ces Cahiers (qui n’ont évidemment rien à voir avec feu La Passerelle, la revue jadis fameuse de Pierre Béarn, et que je ne peux m’empêcher malgré tout d’évoquer).
Cahiers des Passerelles :
quelques exemplaires.La formule des plaquettes que sont ces cahiers, et leur pagination, sont restées immuables (et le prix aussi : 5€ !) depuis la première réalisation, 18 pages également partagées entre un poète et un artiste graphique travaillant en noir et blanc. Comme il arrive souvent, manière de se lancer, c’est l’animateur lui-même qui a essuyé les plâtres : le poète Léon Bralda assura le cahier n° 1 (gravures d’Alain Puygrenier) et l’artiste Lionel Balard le n° 2 (poèmes d’Alain Freixe). Par la suite, les collaborations seront de qualité, - même si me parle davantage le nom des poètes que celui des plasticiens, - et on y retrouve de fait la fine fleur des poètes d’Auvergne ( Jean-Pierre Siméon, Jean-Pierre Farines, Gérard Bocholier, Chantal Dupuy-Dunier, Colette Minois, Emmanuel Flory, Romain Fustier), ainsi que – faut-il y voir une coïncidence ? – nombre d’invités de renom de la Semaine de la poésie de Clermont : Antoine Emaz, Bruno Berchoud, Emmanuel Merle, Thierry Renart, Ludovic Degroote, Mathieu Gosztola. Quant aux complices plasticiens, j’y relève entre autres les noms de Pierre Jourde, Jean-Claude Guerrero, Marie Naud, Delphine Raiffe, Michel Brugerolles.
L’ensemble de cette production, au tirage modeste : de 50 exemplaires, - mais renouvelé au besoin - présente un joli catalogue, qui mérite de sortir de l’ombre. Néanmoins, plutôt que de mettre en valeur tel participant plutôt que tel autre, je rendrai ici hommage à l’animateur, dont vient de me parvenir un recueil inédit, A l’insu de nos lèvres : on y découvre une poésie posée, énonçant des chose graves d’une voix vibrant d’émotion, à l’image au fond de ce qu’aime publier la revue Arpa, qui l’a naguère accueilli. L’exergue, de l’auteur lui-même, donne le ton :
Nous clouons au pilori de l’âge les nuits noires de nos jeunesses pour qu’elles éclairent malgré tout la route que nous suivons. Nous clouons l’ombre à l’herbe de nos voix pour ce silence qui perdure dans le secret des vieilles peurs...
Que suivent des deux premiers poèmes, fort représentatifs :
Brûlée sur la peau sèche d’un muret, l’ombre faillible du vieil homme. Brûlé encore, le chant qui dresse dans le matin l’immensité du Vivre et cet enfant là-bas qui se demande quel vieillard vient sourire à l’orée de ses yeux.
*
Visages qui auront fait racines des turpitudes de l’existence, vos regards ont gravi jusqu’aux heures funèbres. On aura mis en terre la mère, puis le père … et vous aurez sombré, alors, avec le jour, sous les bas augures d’un champ de pierres. Un arbre au feuillage étonnant porte jusqu’à l’aube prochaine ce qui revient de nos amours d’antan.
Claude Vercey