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Poésie, de la crise à l’échappée #7

Voici des textes inédits que les poètes nous envoient depuis leur confinement : Poésie, de la crise à l’échappée.

© Photo de couverture : Isabelle, lors d'une randonnée. À Brion.
 

Poèmes inédits de Bernard Bretonnière

Quelques quatrains en forme de fables
pour un temps de confinement

Mon curé tel l'apôtre
Prône l'amour des autres.
Même si l’ouaille est bête,
Jamais ne la rejette.

Moralité : L’abbé Jean accepte le con finement.

Le Casanova du Soviet
Fait des ravages, joyeux drille !
Il collectionne les conquêtes,
C’est un virus qui prend les filles.a

Moralité :  ’core une qu’a l’ vit russe.

Ma cousine ne se confine,
Parce que libre veut rester.
Irresponsable, elle badine
Avec Covid et ses fiancés.

Moralité : Corinne a l’ virus.

Apparatchik à La Havane,
Il ne fume que des cigares,
Petit, demi et même barre-
Au de chaise mégalomane.

Moralité : Le corona, vice russe.

Variante :

Apparatchik à La Havane,
Il ne fume que des cigares,
Petit, demi ou malabar,
Ainsi le coco se pavane.

Toute cuisse au frigo s’altère
Tandis qu’en boîte elle tolère
Cinq ans de garde et davantage
Sans virus promis en dommage.

Moralité : Le confit ne ment.

********

Heureux les marchands de javel,
De charentaises et de gants
Pyjamas et désinfectants :
Que de sous dans leurs escarcelles !

Contre microbes et virus
On sait que l’ail est efficace
Tout comme diverses vinasses
Et le whisky, vive Bacchus !

Heureux les livreurs de pinard,
Les commerçants ayant des masques
Et tous les revendeurs de casques :
Leur chiffre sonne la fanfare.

N’oublions pas la cocaïne,
L’ananas, le tabac chiqué
Et installons dessous nos nez
Des fumigations d’aubépine.

Ah ! les fabricants de savons
Et de gel hydro-alcoolique :
Corona leur est bénéfique,
Ils se frottent les mains, crénom !

Oh ! les labos de chloroquine
Gilead Sciences, Sanofi :
« Petit, petit, viens par ici
Je soigne le virus de Chine ! »

Pour te prémunir, bois du thé,
Au fenouil et à l’eau bénite.
Et puisque tu vis en ermite,
Consacre ton temps à prier.

Car sache-le, Dieu est fâché,
Il nous punit par ce fléau,
Punit la pute et le porno
Avec tous les LGBT.

Pour décréter confinement
L’État pervers fait propager
Par les Linky et la 5G
Un virus prétendu méchant.

Ainsi gagne-t-il la partie :
Les gilets jaunes empêchés
Dans les rues de manifester,
Mais ce complot, nul ne le dit.

Bien sûr on peut se protéger
En léchant le sol des lieux saints,
Buvant du liquide de freins
Ou de l’urine de bébé.

L’huile de sésame encore
Repoussera la bête immonde
De Wuhan jusqu’à Trébizonde
À moins qu’on s’asperge de chlore.

Croyez ces préconisations,
Ne craignez plus la pandémie
Car si Dieu punit et châtie
Il offre des contrepoisons.

La Montagne, 14 avril 2020, 29e jour de confinement.
 

Poèmes inédits de Francis Combes

La Grande panne

Quand pendant plusieurs semaines tout autour de la Terre
tout se fut arrêté
il devint soudain clair
que le ciel pouvait être bleu,
que la vie valait mieux que l’argent,
que parmi tout ce que nous produisions
tout n’était pas nécessaire
et que pour ce qui était nécessaire
il suffirait de travailler
deux ou trois heures par jour
et donner à chacun
le moyen de vivre normalement
pour s’occuper de ce qui compte vraiment :
l’amour,  les enfants, la vie, la poésie…

Quand tout se fut arrêté
pendant plusieurs semaines
il devint clair que tout autour de la Terre,
il n’y avait qu’une mer,
qu’une atmosphère,
qu’une humanité.

****

Leur inquiétude, notre espoir

Ceux qui nous gouvernent ont raison d’être inquiets
car au moment où la vie de tous est en danger
soudain chacun se rend compte
que d’eux nous pourrions nous passer.

Oui, ceux qui nous gouvernent ont raison d’être inquiets
car des politiciens, des financiers, des hommes d’affaires,
des gestionnaires, des cadres supérieurs
qui ont sacrifié au profit privé les intérêts de la majorité,  
de leurs experts qui ne savent rien, même pas se taire,
et de leurs journalistes perroquets
nous pourrions aisément nous passer.

Mais des médecins, des infirmiers, des aides-soignants,
des savants dans les laboratoires, des pompiers, des ambulanciers, des agents de sécurité, des éboueurs, des balayeurs, des femmes de ménage
dans les bureaux, les magasins, les ateliers,
des camionneurs sur les routes, des cheminots dans les gares, les TGV,
des livreurs, des manutentionnaires, des caissières des supermarchés,
des boulangers, des boulangères, des marchands sur les marchés,
des ouvriers sur les chantiers et dans les usines,
des paysans dans les champs,
des électriciens, des postiers, des instituteurs,  des professeurs,
des écrivains, des artistes et des chanteurs
nous ne pouvons pas nous passer.
Oui, ceux qui nous gouvernent ont raison d’être inquiets
et leur inquiétude nous est bonne raison d’espérer.

le 31/03/2020

***

Appel à la sauvagerie

Je me laisse aller et ne me rase plus
Et vois bien, peu à peu, que je m’ensauvage
(La faute bien sûr à ce confinement)
Des bourgeons, des fleurs éclatent sur mes branches
Le printemps – c’est heureux – est incorrigible
Et nul ne peut l’assigner à résidence.
Mais considérant ce qu’il faudrait briser
Je me dis vraiment que nous sommes trop sages !

Un simple virus
donne une leçon d’économie
aux plus grands experts :

Faire des économies
parfois
cela peut coûter très cher.

 

Poèmes inédits de Patrick Joquel

14 avril

tu apprends à voir l’invisible
à entendre l’inaudible
à caresser le secret
le doux secret
simplement la vie
la rotation de la planète
l’ellipse du temps
le jeu musical des sphères
la trajectoire des martinets
l’horloge végétale
et celle de tes poumons
avec la Terre
tu respires
une à la fois
les mille joies présentes
un léger sourire

23 avril
 
soleil bleu
l’éclat des verts est différent d’hier
hier un autre jour
demain aussi parait-il
comment en être sûr
?
demain existera peut-être
un doute subsiste cependant
quant à hier
si son existence est attestée
il n’en demeure que des traces
plus ou moins éphémères
…
soleil bleu
un peu de blues aux paupières
les yeux au balcon rêvent de promener l’espace
ces crêtes qu’ils connaissent des pieds aux oreilles
les yeux patientent
maquillage blues léger
juste assez léger pour garder le cap
histoire un prochain demain encore imprévu
de renouer les sentiers à mon ombre

2 mai
 
le vent joue tes cheveux
le vent découvre ton corps
le vent silence ta marche
l’œil à l’affût
l’oreille aux aguets
le chuchotement des chênes caresse le ciel net
découvre ton silence
joue ton regard
silence tes sens
tu marches
aéré

 

Poème inédit de Stéphane Juranics

quel est ce cri
à peine audible dans la nuit
il faut se taire
pour entendre son écho
s’élever sans fin
jusqu’au silence du firmament
est-ce lui que l’on perçoit
dans le murmure des grillons
dans le froissement des feuilles de tilleul
ou dans le chant des chardonnerets
annonçant l’aube des longues journées d’été
annonçant l’ombre des longues journées d’attente

Poèmes inédits de Hélène Lanscotte
 

DISTANCE 13

Temps de nous offrir nos horizons précieux
Nos horizons de mots, d’actes, de rêves
Le lointain compte pour les yeux autant que pour le sang
Débusquer les confins serait peut-être notre tâche.

DISTANCE 14

Inviterais bien en grand repas de jour
Des convives pour rire de nos solitudes
Convaincrais bien les fleurs de ne pas se replier dans l’obscur
La nuit aussi désire des mains chaudes à serrer.

DISTANCE 15

Un poids de temps sur les épaules
Tout change pourtant que c’est un vertige
A s’éloigner on finirait par se méconnaître
Mais comme manquent les familiers visages !
On se le dit là devant l’arc en ciel.

Poème inédit de Paola Pigani extrait de son journal de confinement Terrier

Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda

Mercredi 18 mars

Sur un trottoir de mon quartier
On a tracé sur le bitume
Les lignes des futures excisions
Les chantiers sont à l'arrêt
Un homme à deux pas
Repeint le mur de sa maison
Celui qu'on a épinglé comme un papillon
Sur un lit d'hôpital est seul
Au milieu d'un essaim nerveux
D'escale en escale il poursuit le voyage
Avec des ailes abîmées.

Découvrir d'autres poèmes en cliquant ici !
 

Poème inédit de Thierry Renard

Ce matin, premier rendez-vous médical, et vraie sortie, depuis le seize mars dernier, pour mon diabète et aussi pour le reste. Jusqu’à présent, je m’étais contenté de déjeuner sur la terrasse, dans mon jardin, les jours de beau temps. Je suis tout chose. Mes pas sont hésitants. La tête me tourne un peu. Je regarde le monde autrement. Sentiment d’être de nouveau parmi les vivants, de renaître à la vie passante.
Salle d’attente du docteur. J’attends mon tour. Seul. La bouche, le nez et le menton cachés derrière mon masque artisanal. Petite trouille. Je me sens bête. J’attends. Aucun livre dans les mains. Rien qu’un silence mêlé aux voix venues de l’intérieur du cabinet. Conversation entre le médecin et sa patiente.
En moi, sensation d’abandon & mutisme anxieux.
L’avenir est immédiat, presque.
 
Rien d’inquiétant. Mais pas de déconfinement pour moi, pour le moment. Personne à risque, me confirme le médecin.
Mon traitement est renouvelé, jusqu’à la prochaine prise de sang. Petite trouille, avant et pendant la consultation. Je rentre à la maison, tout essoufflé.
Quelle période étrange…
Je me lave les mains et je retire mon masque.
Je me détends.
 
La poésie demeure pour nous autres, invisibles, déclassés, moins que rien, gens de peu, la parole initiale, la parole des crêtes, des cimes blanches, parole des alliés d'ici et d'ailleurs, des amis proches et lointains.
Je me souviens de notre premier slogan, quand nous avions vingt ans, avec mes compagnons de route de l’époque :

« La poésie ou la mort ! »

 
Mercredi 6 mai 2020
 

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