Poésie, de la crise à l’échappée #8
Le confinement, l’inquiétude de l’épidémie n’ont pas cessé d’un coup. Nous étions entrés en confinement d’un coup, en sortir est plus lent. Nous devons rester encore assez réservés dans nos envies de retrouver la « familia » au grand complet, les amis pour une grande soirée, tous les copains d’école d’un coup.
L’école… Nous avons reçu des lettres, des photos, des montages transmis par des poètes subjugués ou par les enseignants heureux. Nous avons fait une sélection d’échanges entre ces poètes et des classes. D’autres correspondances ont pu exister sans que nous les ayons consultées. Ne soyez pas contrariés si tel est votre cas. Envoyez-nous ces correspondances qui sont la preuve de la vitalité de la poésie en nos terres. Nous les montrerons lors de réunions.
Et prenez le temps de parcourir, de lire les échanges de Lucien Suel avec les élèves du Collège Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand ; de Bruno Berchoud avec les écoliers d'Albert Bayer et les collégiens de Jeanne d'Arc.
Et aussi, un poème de Manon, élève de 3ème et stagiaire de La Semaine de la poésie en février dernier, ainsi que d’une étudiante en stage à l’étranger, Guillemette, qui a dû confiner loin de chez elle.
D'autres travaux d'élèves seront à découvrir mardi prochain !!
À bientôt mes amis pour une suite à la poésie en nos vies.
Françoise Lalot,
directrice de La Semaine de la poésie
Les élèves de Collège Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand devaient accueillir le poète Lucien Suel dans leurs classes. Très déçus de ne pouvoir échanger en sa présence, de nombreuses lettres, des poèmes, des photos ont été envoyés et reçus. Voici quelques créations librement inspirés des écrits du poète. |
Une amitié ne rouille jamais
Une amitié ne rouille jamai
Une amitié ne rouille jama
Une amitié ne rouille jam
Une amitié ne rouille ja
Une amitié ne rouille j
Une amitié ne rouille
Une amitié ne rouill
Une amitié ne rouil
Une amitié ne roui
Une amitié ne rou
Une amitié ne ro
Une amitié ne r
Une amitié ne
Une amitié n
Une amitié
Une amiti
Une amit
Une ami
Une am
Une a
Une
Un
U
.
Poème de Samuel, élève de 4eC du Collège Roger-Quilliot
le
terril
est-il une
friche stérile
schiste et schlamm
c’terril stérile a une
âme sous le schlamm et les
schistes ça sort du puits puis
ça monte au terril ce n’est pas du
tourisme on prend des risques c’est du
dur c’est dur ça durcit ça endurcit on est
mat usé on paie le prix on fait le tri bon gré
mal gré crasse terrible terre stérile schlamm noir
schiste rouge ça cuit la peau ça use l’âme ça te finit
on ferme pas de trace le terril se tasse le péril s’efface
Poème extrait du recueil
Je suis debout de Lucien Suel, éditions La Table ronde, 2014
Lili, élève de 4eC du Collège Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand s'inspire d'un Poème express de Lucien Suel.
Poème express de Lili, élève de 4eC du Collège Roger-Quilliot |
Poème audio-vidéo des élèves de CM2 de l'école Albert Bayet de Clermont-Ferrand encadrés par leur enseignante Anne-Charlotte Sinet-Pasquier à partir de poèmes de Bruno Berchoud.Anne-Charlotte SINET-PASQUIER, professeur des écoles de l'école Albert Bayet de Clermont-Ferrand, a proposé une dizaine de poèmes à lire à ses élèves de CM2 extraits du recueil Une ombre au tableau du poète Bruno Berchoud (éd. de l’Atelier du Grand tétras). Dans un poème, le poète écrit : 28 élèves au bord de quelque chose. La classe a picoré dans les poèmes, a retenu des phrases, des bribes et l’enseignante a lancé un travail d’écriture avec des variations autour de ces phrases et bribes relevées par les élèves. Pendant le temps du confinement, l’enseignante a demandé à ses élèves un travail de mise en voix en s'enregistrant. Presque chaque élève s'est enregistré depuis chez lui, avec les moyens qui étaient à sa disposition, souvent un smartphone. L’enseignante en a assuré le montage audio du fait d’une double activité, réalisatrice pour des radios comme France Culture, ou Arte Radio. Les images sont le choix de l'enseignante, ce choix n’a pas été décidé avec les élèves. |
Poème de Bruno Berchoud à l'origine de ce poème-vidéo
Il aurait mieux fait de manger la craie.
Il pense J'aurais mieux fait de manger la craie. Plutôt
que d'écrire l'ânerie qui signe à la face du monde sa
bêtise.
Vingt-huit enfants ensemble au bord de quelque chose.
Du rire ou bien des larmes.
Un rire assis. Des larmes debout.
Un rire pluriel. Des larmes singulières.
Quand la voix de l'homme le fait venir au tableau, la salle
de classe est le contraire d'une barque : c'est toujours du
côté de l'enfant seul que ça peut chavirer
Les collégiens de 5e et 4e de Jeanne d'Arc de Clermont-Ferrand ont exercé tous leurs talents (écritures, arts plastiques,...) dans l'attente de la venue du poète Bruno Berchoud. Leurs enseignantes, Mesdames Chevrier et Message, nous ont transmis quelques-uns de leurs travaux.Après avoir échangé des messages de bienvenue avec le poète Bruno Berchoud, les élèves de 5e et de 4e du Collège Jeanne d'Arc de Clermont-Ferrand se sont attelés à préparer des échanges avec le poète avec comme fils conducteurs les thèmes des mains et du temps qui passe.
En petits groupes, ils se sont lancés dans l’écriture, laissant libre cours à leur créativité, exprimant leurs talents, mêlant la poésie à d'autres formes artistiques : poème mis en musique, devinettes poétiques de métiers, slam sur le temps qui passe, mobiles en bois illustrant des extraits de poèmes… Avec beaucoup de coeur et d'engagement, dans un esprit d'équipe et de coopération, nos élèves ont mis « les mains dans le cambouis » de la poésie ! |
Dessin d'Émilie librement inspiré des écrits de Bruno Berchoud
|
Les élèves ont réalisé une série de mobiles à partir de fragments retenus dans des poèmes extraits du recueil L'ombre portée du marcheur de Bruno Berchoud. Bien plus haut que les frênes, l’été la maintenait sur ses berges de pierre, à portée de désir. Dans la vallée, le jour se retirait en apportant une ombre sèche ; sur le verger, la brise, les appels de nos mères. Subsisterait pourtant, au lieu de la mémoire, une flamme d’orties entre les jambes nues.
|
poème de Emilie, Elia et Eliot |
Emilie, Elia et Eliot ont écrit tous les trois le poème Quand on touche la main de la mère, inspiré de la fin de ce poème de Bruno Berchoud extrait du recueil Le dit des rides paru chez Cheyne éditeur.
|
La Semaine de la poésie a reçu deux contributions de deux jeunes amatrices de poésie : celle de Manon, élève de 3e et stagiaire de l'association en février dernier et celle de Guillemette, étudiante.
Elle voit dehors l’écrin vert des forêts Elle voit l’air qu’elle ne peut pas respirer Elle voit la mer de silence Où elle va se noyer Elle tend une main vers le dehors Une main tendue vers son espoir si fort Elle tend une main vers le dehors Une main qui devrait être suivie par son corps Mais dans sa prison, elle ne peut rien Si seulement elle pouvait s’en échapper demain Elle s’accroche à ses rêves à s’en abîmer les mains Mais dans sa prison elle ne peut rien… Le temps plane doucement, il n’a pas peur du vide Elle a cessé de le compter si elle veut rester lucide Car le temps peut s’étirer jusqu’à s’arrêter Tant il est perfide Seul, son esprit danse avec des nuages effilochés Par-delà sa fenêtre elle sent la liberté Mais douloureusement, elle le sait Elle ne peut pas y accéder Elle attend, elle se traîne, dans sa monotone ritournelle Désespérant de sortir, de voler comme sa tourterelle Qu’elle voit chanter tous les matins dans un autre ciel Comme un appel Poème de Manon |
Tout est nouveau tout est en crise mais l’inconnu ne gâchera pas tout le printemps lui, arrive encore plus vite les bourgeons reviendront rapidement le soleil persistera par la fenêtre de ta maison les rayons de soleil visiteront les poèmes, par la poste arriveront la danse dans ton corps persiste même si l’épidémie résiste ce n’est pas un isolement c’est un imprévu un début d’un inconnu mais ne sois pas oppressé les papillons voleront doucement lentement tu les verras dehors, parmi les feuilles les papillons voleront Poème de Guillemette |