Ariane DREYFUS
Ariane Dreyfus, née en 1958, a publié au Dé Bleu Les miettes de Décembre (1997), La belle vitesse (Le Dé Bleu/Cadex, 2002) ; chez Flammarion Une histoire passera ici (1999), Quelques branches vivantes (2001), Les compagnies silencieuses (2001), L’inhabitable (2006), La terre voudrait recommencer (2010), Le dernier livre des enfants (2016) ; chez Corti La lampe allumée si souvent dans l’ombre (coll. « en lisant en écrivant », 2013) ; au Castor Astral : Iris, c’est votre bleu (2008), Nous nous attendons, (2012), Sophie ou la vie élastique (2020) et prochainement Le double été (printemps 2024). Deux anthologies sont parues récemment : chez Tarabuste en 2022, coll. « Reprises », Comme si c’était hier (avec L’Amour 1, La Durée des plantes et, dans une version revue et corrigée, Les Miettes de décembre ainsi que La Bouche de quelqu’un) et Nous nous attendons suivi de Iris, c'est votre bleu en Poésie/Gallimard (2023). Elle anime aussi des ateliers d’écriture. Journaux de bord d’ateliers d’écriture consultables sur les sites Poezibao et Remue.net.
Journaux de bord d’ateliers d’écriture consultables sur les sites Poezibao et Remue.net :
https://poezibao.typepad.com/poezibao/files/dreyfus_ariane_atelier_criture_version_prpare.pdf
https://remue.net/Lire-avant-d-ecrire
https://remue.net/Les-mots-viendront-sur-la-page-avec-leur-corps
Retrouvez tous les livres d'Ariane Dreyfus sur le site Chez mon libraire, notre partenaire.
L'association Chez mon libraire regroupe quelques 190 librairies indépendantes en Auvergne-Rhône-Alpes, l'une d'elles est forcément près de chez vous !
Un tee-shirt bleu un tee-shirt noir
Deux fois la femme passe devant le miroir
Elle enlève le vêtement par le haut
Pas de visage pour l’instant
Le sein est lourd et fait vrai
La hanche est sortie du drap
Cela s’est fait sans ouvrir les yeux
Parfois c’est plus important que peindre
Il a posé la couverture sur elle
Le corps caché, ou bien l’ombre sur le visage
La peinture s’installe sans dire où
En face elle respire
Il ne veut pas faire tout le visage
Le souvenir est trop sensible
Pour le chien il n’hésite pas
N’ayant pas oublié les gémissements
Il les retenait
C’était important de se reposer ensemble
Le museau tout frais, les yeux brillants
UN SOIR D’ÉTÉ
Le temps d’ouvrir, de refermer la porte de l’armoire
Une fine brûlure me passe entre les cuisses, et s’en va
C’est vrai,
On aurait pu
De tout son poids
Transpirant de me tenir
Une femme aurait pu m’écarter les jambes
Chercher à m’écarter les jambes
Même si les cris ne sortent pas de là
Tout ce que le couteau prend hurle
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Les jambes tenues, une petite fille gémit encore
Le récipient se repose
Deux mains appuient sur sa tête
C’est le moment d’enfoncer
Des épines et de coudre
Alors le gémissement sort de plus bas
Toujours de plus bas
Femme titube tout au long de sa vie
Voilà comment la crainte devient une plante féminine
Et comment
J’ouvre encore l’armoire
Pas pour regarder dedans
Mais pour ne plus bouger
Ou bouger
Puisque c’est comme je veux,
Même nue, c’est comme je veux
SUR L’OREILLER
Ne la voulant pas si près, ni qu’elle se blesse,
Je fais glisser une feuille sous ses pattes
Et vite, fenêtre ouverte,
Je lance l’araignée
Plutôt que mon visage, qu’elle aille saisir l’herbe
S’y accrochant, grimpant vite :
Il faut agir avant de s’étoiler
Et moi, si je ferme les yeux, si j’attends vraiment
Une main me versera-t-elle dans la prairie des endormis ?
J’ouvrirais mes mains et ma bouche bien mieux qu’en le voulant
Tant de petites blessures qui n’empêchent pas de vivre
Circuleraient toutes seules
Loin je n’en sais rien
Elles iraient