Cédric LE PENVEN
Cédric Le Penven est né en 1980. Après des études de Lettres à Toulouse, il devient professeur. Agrégé de Lettres Modernes, doctorant en recherche-création, il enseigne et vit dans le sud-ouest de la France, près des gorges de l'Aveyron.
Il écrit, s'occupe de son verger et de ses abeilles, aime sa femme, regarde son fils grandir. A publié une quinzaine de livres au carrefour du journal, du carnet et de la poésie ainsi qu'un essai sur Thierry Metz.
Publications dans des revues telles que Europe, Po&sie, Nunc, Poésie/Première, Contre-Allées, La Traductière, Décharge, Arpa, Phoenix, Souffles, Friches, N4728, Héraclite, Rétroviseur et la revue en ligne Terre à Ciel.
Aujourd’hui j’ai décidé que les masques
étaient mauvais goût je dirai à mes élèves
quittez l’école partez sur les chemins dans les rues
regardez les cathédrales de givre
fermez les livres ouvrez les fenêtres les portes
apprenez à rire quand le sol se dérobe
quand les questions s’installent confortablement
et rendent le jour inhabitable
Pour demain ramenez-moi deux sœurs
Colère et lucidité bras dessus dessous
Nuit de peu de nuit, encoreComme rendez-vous tacite avec les songes désertés
Quelle prière prononcer
pour goûter huit heures d’inconscience
Je pose des pierres blanches autour d’un frêne
j’invite chacun à prendre la part du songe
à laisser celle du mort
Parfois je me dis poète et cela me fait rire
ce gros mot pour expliquer, apprivoiser cet élan
cette manière d’habiter l’inhabitable d’une saison
de voir son visage dans les pierres trouées
non poète c’est une étiquette posée pour vendre
de la tripes de la colère délicieuse (le miracle du mot
qui extirpe et métamorphose les pays de la nuit
où l’amour et la mort s’embrassent goulûment)
je trace des lignes invisibles dans le verger. J'imagine qu'elles accrochent les herbes humides, les troncs à chaque virage
tout un périmètre d'inquiétudes et de marmonnements où croissent des racines et chahute un crâne
je marche dehors en pleine nuit parce qu'il y a trop à faire à l'intérieur