
Camille LOIVIER

Camille Loivier, née en 1965, vit à Paris et enseigne la littérature de langue chinoise (Chine, Taïwan, Hong-Kong) à Arras.
Camille Loivier est poétesse, nourrie de poésie asiatique, ancienne et moderne, elle louvoie entre prose et poésie pour tenter d’approcher puis de retenir ce qui s’enfuit. Elle a publié dernièrement Swifts (Isabelle Sauvage, 2022), Cardamine (Tarabuste, 2021), Une voix qui mue (Potentille, 2019). Elle publie aussi régulièrement dans différentes revues (Terreàciel, Poezibao, Europe, RBL, Remue.net, Rehauts, Voix d'encre...) Elle a dirigé Neige d'août, revue de poésie consacrée au lyrisme et à l'Extrême-Orient de 1999 à 2016. Traductrice de littérature taïwanaise, elle traduit le romancier Wang Wen-hsing (Dos à la mer, Vagabonde,2022) et la poésie de Taïwan (Ling Yu, Terres sauvages, Circé,2022).
qu’est-ce que ce serait aimer
si ce n’était pas seulement
la plénitude dans la présence
le monde qui apparaît s’ouvre se colore
disparaît fane devient gris
dans une ville sans nom
on cherche la maison d’un poète
certains disent l’est d’autres l’ouest
où regarder dans quelle direction
et le centre
qu’est ce que c’est
je me souviens de tout dans les moindres
détails à ma taille
dites-moi simplement qu'une seule chose malheureuse
leur est arrivée à cette petite famille
qui m'ait échappé
jusqu'au chiot qui est arrivé ici
et que pendant la journée on
enfermait (elle seule) dans la petit cour
que peut-il se passer dans un si petit endroit
fermé entouré de murs ne donnant sur le ciel
qu'en renversant la tête
Ma vie a commencé dans une cour
au-dessus d'une autre cour
une cour petite étroite
il n'y avait rien
ni plante ni soleil ni dimanche
il fallait lever haut la tête
(est-ce pour cela qu'elle a un grand cou)
pour voir le ciel pour me voir
on entrait dans cette cour en se recroquevillant
- redevenir petite -
enjamber une étroite fenêtre au-dessus
d'un escalier afin de ne pas se cogner ou tomber
et pour revenir faire un vol plané au-dessus des marches
- être acrobate -