
Christiane VESCHAMBRE

Elle a été membre de la commission poésie au CNL de 2010 à 2012.
Elle collabore à de nombreuses revues de poésie, littérature, sciences humaines, a publié des critiques littéraires et cinématographiques (dans les revues CCP, Europe et Cahiers jungiens de psychanalyse).
Plusieurs de ses textes ont été mis en espace ou en scène (Festival d'Avignon, Théâtre du 8ème à Lyon, Centre Dramatique National d'Evreux).
Elle a collaboré avec des peintres (Maïa Bild, Madlen Herrström, François Martin, Hossein Zenderoudi), des musiciens (Sophie Agnel, Bernard Cavanna, Alex Grillo).
Elle participe à des rencontres, lectures, et anime des ateliers d'écriture.
Un dossier est consacré à son travail dans le n° 6 de la revue « Le préau des collines », ainsi que dans le n° 25 de la revue "Les Hommes sans épaules".
Elle anime un atelier d'écriture intitulé "Un temps à soi pour écrire".
En 2018 elle est l’une des trois femmes dont Emmanuel Falguières retrace certains « morceaux de vie » dans un très beau film documentaire creusant la question de la mémoire et de l’écriture intitulé Nulle part avant.
L'association Chez mon libraire regroupe quelques 190 librairies indépendantes en Auvergne-Rhône-Alpes, l'une d'elles est forcément près de chez vous !
Ecrire le poème retourne en plein jour à la nuit invisible
de la présence dans l'amour - la présence secrète, qui ne
peut être montrée, la présence ordinaire du vivant souterrain
que celui qui écrit le poème écoute en secret et
aux yeux de tous, qui ne le voient pas.
Les œuvres cinématographiques atteignent en nous l'informulé - ce qui demeurait l'informulable.
Comme la poésie, qui ne formule rien.
Lorsque j'ai vu Mouchette pour la première fois, le film de Robert Bresson, j'ai tout de suite reconnu Mouchette, sa petite âme brûlante et brûlée. Grâce à mon héritage encore informulé.
Mouchette parle avec ses pieds chaussés de galoches.
Leur battement sur la route de l'école, dans les rues du village — je croyais réentendre le claquement des sabots de Marie Turbin. Les galoches de Mouchette s'entendent distinctement chaque fois qu'elles heurtent un sol ferme, vers l'école, au retour de l'école.
…….
Les civilisations englouties sont des sons des rythmes et des timbres disparus.
(Je suis née dans une civilisation engloutie.)
La boue est silencieuse. Quelque chose en elle apaise, absorbe.
J'ai pu imaginer Marie Turbin s'allongeant dans la boue comme dans un berceau.
La boue fait partie de la civilisation engloutie.
Il n'y a plus de boue dans nos sols bitumés, gravillonnés.
Dans la civilisation engloutie les objets n'existent pas. Il n'existe que des choses qui ont un nom unique : un bol, une paire de sabots, une robe. On a un bol, une robe, une paire de sabots. On a ses mains pour entourer le bol, ses pieds pour soulever le bois des sabots, son corps à faire oublier sous la robe.
C'est comme deux animaux mâles qu'ils vont rouler sur le sol en se battant pour la serveuse du café. Au moment où Arsène prend le dessus, Mathieu le mord au sang, qu'on voit jaillir de sa bouche refermée sur la main d'Arsène.
Cesse le combat.
Ils s'assoient, Arsène boit l'alcool à sa gourde, la passe à Mathieu. Tous deux, essoufflés, se mettent à rire. C'est leurs rires sonores d'hommes qui se battent et boivent sur le corps des femmes qu'on entend lorsque la caméra, éloignée d'eux, retourne à la seule nuit des bois.
atteindre l'eau qui lave les larmes, berceau à nul autre semblable qui vous embrasse totalement avant de vous déposer dans la douce boue de la vase.
Mouchette disparaît dans l'eau de l'étang parce qu'il n'y a plus de vivable pour elle, mais aussi pour glisser hors des doigts manipulateurs de sa souffrance.
Mouchette m'a convoquée au nécessaire usage silencieux de la langue qui s'écrit.