Claude VERCEY
Le « moutard de Dijon » est ne en 1943. Il vit à Chalon-sur-Saône.
Il fut enseignant puis administrateur du Théâtre de Saône-et-Loire (il a écrit une dizaine de pièces). Homme de théâtre donc, il est aussi (surtout ?) poète, mais encore critique, souvent aussi incisif que pertinent.
Il a rejoint et animé l’association et la revue « Impulsions » (devenue « Alimentation Générale ») dont les fondateurs se nomment Ménaché et Jean-Louis Jacquier-Roux. Il a ainsi fait de la poésie son métier depuis belle lurette, assurant ici et là mises en scène, lectures et spectacles.
Fidèle chroniqueur de la revue Décharge (il est au comité de rédaction avec ses amis Jacques Morin et Alain Kewes), il fournit régulièrement au site internet de la revue ses chroniques ou ID (itinéraires de délestage).
Elle ne dansait pas, n’était pas invitée,
ce qui d’une certaine façon aurait pu
la rassurer : elle n’était pas assez
remarquablement repoussante,
grosse et moche pour que l’embrasser
fût compté comme un exploit et qu’on
en fit des gorges chaudes.
Cet instant de tous les instants, le voilà, l’espéré, l’inespéré.
Une fois encore tu goûtes, en reconnais la saveur unique,
familière pourtant. Instant où l’on se hisse. C’est ça : on arrive,
c’est là et déjà c’est échappé. De si peu, tu gardes cependant
sur la langue la saveur. Qui te comble et te légitime.
Ce qui fut, ce qui fuit. J’ai été heureux, je le suis.
L'ange le terrible
archer blond et bouclé au sourire de miel
l'implacable punisseur des mythologies d'enfance
a posé sur mon coeur son doigt
à moins que ce soit de ses pieds qu'il me foule
avec la bonté et dans la plus arbitraire
ivresse dont je jouis inconsidérément
au milieu des cohortes de frères en souffrance
frères de larmes impatients sous le joug
tandis qu'en toute injustice je m'exalte
de ce jeu d'être là dans la rue sous ce bleu
immence, et que la vie me traverse
comme une vitre où danse un filet de poussière
heureuse dans ce rayon d'être une
poussière qui danse.