Doina IOANID
Doina Ioanid est née le 24 décembre 1968 à Bucarest.
Poète, diplômée de la Faculté de Lettres de Bucarest, elle a enseigné la langue et la littérature françaises à l’Université « Transilvania » de Braşov : cours pratiques de communication, de traduction, cours d’anthropologie culturelle et cours d’interprétation littéraire.
Dans ce cadre elle a effectué certains ouvrages de caractères didactiques :
– Dicţionar de texte literare pentru clasele V-VIII (coautor), Paralela 45, Piteşti
– Mari teme literare. Dicţionar-antologie pentru clasa a IX-a, vol. II (coautor), Paralela 45, Piteşti, 1999
Elle a également traduit en roumain plusieurs ouvrages de langue française, parmi lesquels :
– Edmond Lévy, la Grèce au V-ième siècle – de Clisthène à Socrate (Grecia în secolul V – de la Clisthenes la Socrate), Éditions Teora, Bucureşti, 1998;
– Jean-Pierre Davidts, Le Petit Prince retrouvé (Întoarcerea micului prinţ), Éditions Cartier, Chişinău, 2004;
– Bryan Perro, Amos Daragon, porteur des masques (Amos Daragon, stăpînul măştilor), Éditions Cartier, Chişinău, 2004;
– Bryan Perro, Amos Daragon, la clé de Braha (Amos Daragon, cheia cetăţii Braha), Éditions Cartier, Chişinău, 2005;
– Bryan Perro, Amos Daragon, le crépuscule des dieux (Amos Daragon, amurgul zeilor), Éditions Cartier, Chişinău, 2005;
– Marguerite Duras, Dix heures et demie du soir en été (Vara, la zece şi jumătate seara), Éditions Cartier, Chişinău, 2006;
– Dai Sijie, Par une nuit où la lune ne s’est pas levée (Într-o noapte fără lună), Éditions Polirom, Iași, 2009;
– Karine Lambert L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes (Femeile care au renunţat la bărbaţi), Éditions Trei, Bucureşti, 2015.
Après avoir été pendant plus de 10 ans secrétaire général de rédaction d’Observator Cultural, l’hebdomadaire culturel le plus important de la Roumanie, elle est aujourd’hui rédactrice de cet hebdomadaire. Elle a publié des éditoriaux et d’autres articles à des sujets culturaux ou articles d’opinion, des interviews, des chroniques littéraires, des traductions (par exemple de poèmes d’Yves Bonnefoy après son décès).
En tandem avec Jan H. Mysjkin, elle a traduit plusieurs livres du néerlandais en roumain :
– Anthologie de 15 poètes flamands : Lumina ultimei zile. Poezie flamandă contemporană – Casa de Editură Max Blecher, Bistriţa, 2014.
– Anthologie de 15 (autres) poètes flamands : Cu picioarele afară. Cincisprezece poeţi flamanzi – Editura ARC, Chişinău, 2016.
– Paul van Ostaijen, De trust der vaderlandsliefde en andere grotesken/ Trustul patriotismului şi alte groteşti – Editura Paralela 45, Piteşti, 2016.
– Anthologie de 15 poètes néerlandais : Poetule, piaptănă-ți părul, Editura ARC, Chişinău, 2018
En tandem avec Jan H. Mysjkin, elle a traduit plusieurs livres du français en roumain :
– Anthologie de 15 poètes francophones : Penele pestrițe ale cocoșului, Editura ARC, Chişinău, 2018
En tandem avec Jan H. Mysjkin, elle a traduit trois groupages de poèmes du roumain en français :– « Dossier Poésie de la République de Moldavie », dans Poésie/ première, n° 66, 2016
– « Dossier Poésie de la République de Moldavie », dans Le Journal des Poètes,n° 3, 2017
– « Dossier Poètes des Moldavie, L'Intranquilles » n° 13, 2017
Après avoir participé à des volumes collectifs, Doina Ioanid a publié plusieurs recueils de poèmes salués par la critique :
– Duduca de marţipan (La demoiselle de massepain), Éditions Univers, București, 2000
– E vremea sa porţi cercei (Il est temps que tu portes des boucles d’oreille), Éditions Aula, Braşov, 2001
– Cartea burţilor şi a singurătăţii (Le livre des ventres et de la solitude), Éditions Pontica, Constanţa, 2003
– Poeme de trecere (Poèmes de passage), Éditions Vinea, București, 2005
– Ritmuri de îmblînzit aricioaica (Rythmes pour apaiser la hérissonne), Éditions Cartea Românească, 2010
– Cusături (Coutures), Éditions Cartea Românească, 2014
– Carnetele duducăi de marțipan, Éditions Charmides (anthologie), Bistrița, 2017
– Cele mai mici proze (Les plus petites proses), Éditions Nemira, 2017
Dans les poèmes en prose de Doina Ioanid, la texture du quotidien, soumise à un regard intense, se défait et se transforme. De ses notations parfois hyperréalistes surgit un univers dense d’interrogations, qui laisse transparaître le vertige existentiel dans des phrases aux rythmes incantatoires.
Elle a aussi participé aux festivals de poésie et ateliers de traduction :
Le Festival International de Poésie „Ars Amandi”, Brașov, 2005
Atelier de traduction, Arcuș, 2006
Le Festival International de Poésie, Istanbul, 2009
Le Festival Review of Small Literatures, Zagreb, 2010
Le Festival International „Poezia e la Bistrița”, 2010, 2012, 2019
Dunya Festival, Rotterdam, mai, 2011
Poetry International Festival, Rotterdam juin 2011
Atelier de traduction coordonné par ICR Stockholm, Suède, 2011
Poetry Parnassus Festival, Londres, 2012
Biennale Internationale de Poésie, Liège, 2012
Felix Poetry Festival, Anvers, 2013
Festival International de la Poésie, Namur, 2013
North Wales International Poetry Festival, 2013
Transpoesie, Bruxelles, 2014
Lectures sous l'Arbre, Ardèche, Haute-Loire, 2015
Le Festival International „Primăvara Europeană a poeților”/Le Printemps Européen des Poètes, Chișinău, 2105, 2016, 2017
La liste des résidences obtenues par Doina Ioanid:
Résidence de création offerte par l'Institut Culturel Roumain, Paris, 2007.
Résidence de traduction au Collège européen des Traducteurs littéraires de Seneffe, 2016.
Résidence de création à Iași (Roumanie), offerte par FILIT, 2017.
Résidence de création à Passa Porta, Bruxelles, 2017.
Résidence de traduction au Collège International des Traducteurs Littéraires d'Arles (CITL), 2018.
Résidence de traduction au Collège des traducteurs de Seneffe | Passa Porta, 2019.
Ses poèmes ont été traduits en hongrois, en français, anglais, néerlandais, turc, slovène, bulgare. croate, en allemand, gallois et polonais :
Parutions en revues et anthologies :
- A gyönyör roman múvészete/ Milionarii timpului, volume collectif réalisé suite à l’atelier de traduction d’Arcuș. Traductions par Bogdán Lászlo, Lövetei Lázár Lászlo, Sántha Attila, Fekete Vincze, Lászlo Noémi, Éditions Arcuş, Arcuş, 2006
- Çağdaș Romanya Șiiri (anthologie), Özgür Yayinlari, Ankara, 2009, 112 p., traduit en turc par Sheilla Iaia
- Revija malih književnosti (anthologie), Zagreb, 2010, 96 p., traduit en croate par Ivana Olujić
- „Driesch“, nº 4, décembre 2010, Vienne, traduit en allemand par Ioana Orleanu
- „Ars“, nº 1-2/2010, Podgorica, Montenegro, traduit en slovène par Ivana Olujić
- „Nagyvilág“, nº 9, septembre 2010, Budapeste, traduit en hongrois par Lövetei Lázár Lászlo
- „Le Fram“, nº 22, martie/2011, Liège, traduit en français par Jan H. Mysjkin
- „Poeziekrant“, nº 3, 2011, Gent, traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin
- „Asymptote“, Singapore, avril 2011, traduit en anglais par Florin Bican: http://asymptotejournal.com/article.php?cat=Poetry&id=27&curr_index=2&cu...
- „Crosspoint“, novembre 2010, traduit en bulgare par Lora Nenkovska
- „Gierik & Nieuw Vlaams Tijdschrift”, n° 126, 2015, Antwerpen, traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin
Recueils traduits :
– Het juffertje van marsepein, volume individuel traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin, Éditions Douane, Rotterdam, 2011.
[Ce livre a paru à l’occasion de l’invitation de l’auteur à Poetry International Rotterdam, 2011]
– La demoiselle de massepain, volume bilingue, roumain-français, traduit par Jan H. Mysjkin, Éditions Atelier de l’agneau, 2013.
– Rythmes pour apprivoiser la hérissonne, volume individuel traduit par Jan H. Mysjkin, Éditions L’Arbre à paroles, Amay, 2013.
[Les deux derniers titres ont paru à l’occasion du Salon du Livre de Paris, 2013]
– Oorbellen, buiken en eenzaamheid, volume individuel traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin, Éditions Perdu, Amsterdam, 2013.
– Ritmen om de vrouwtjesengel te temmen, volume individuel traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin, Éditions De Contrabas, Utrecht & Leeuwarden, 2014.
– Boucles d’oreilles, ventres et solitude, volume bilingue, roumain-français, traduit par Jan H. Mysjkin, Éditions Cheyne, Le Chambon-sur-Lignon, 2014.
[Ce livre a été nominé pour le Prix des Découvreurs, 2016/2017]
– Coutures, volume individuel traduit par Jan H. Mysjkin, Éditions L’Arbre à paroles, Amay, 2015.
– Uit een verte ver voorbij de woorden, volume individuel traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin, Éditions Studio 3005, Bleiswijk, 2015.
– Le Collier de cailloux – Poèmes de passage, volume individuel traduit en français par Jan H. Mysjkin, Éditions Atelier de l’agneau, 2017
– Le bazar de la glaneuse /De bazaar van de sprokkelaarster, volume bilingue, écrit en français et traduit en néerlandais par Jan H. Mysjkin, Editions maelstrÖm reEvolution (www.maelstromreevolution.org), dans La collection de booklegs Bruxelles se conte, qui est une initiative de la COCOF-Culture et bénéficie de son soutien), 2018
– Histoires du Pays des Babouches, volume individuel traduit en français par Jan H. Mysjkin, Éditions L’Arbre à paroles, Amay, 2019
Regarde comme nous nous complétons / Uite cum ne mai rotunjim, un vidéo-poème de Marc Ney (aka Swoon) : https://vimeo.com/74102721
Je me réveille, déjà épuisée par les luttes
contre mes propres rêves - ces enchaînements
infinis qui me tiennent prisonnière dans leurs
rets. Je te souris et tu ignores quelles angoisses
j'ai dû affronter pour pouvoir te dire de nouveau
bonjour. Mais pour cela, je ne te demande qu'une
chose : sois à mes côtés, quand je reviens de mon
sommeil et me retourne vers toi.
Gardons l’équilibre, soyons sage. Un portrait clair en couleurs et en paroles. Et pourtant, je ressemble de moins en moins à moi-même, mais comme deux gouttes d’eau à la nièce de la dame dans le compartiment, à l’amie d’une autre dame. L’échelle des ressemblances plus ou moins grandes me poursuit dans la rue, à la maison. Le destin des femmes inconnues me séduit. Leur carcasse reluisante, sur laquelle je glisse comme Gulliver sur la poitrine de la dame gigantesque. À la place de la sagesse, j’ai reçu l’insupportable légèreté d’être. Visages gonflables-dégonflables. Rien de ce qui m’arrive n’est vrai. Une gaffe après l’autre, un café après l’autre. Je ne sais même plus de quoi j’ai l’air. Oui, je suis devenue aussi sage qu’un tonneau d’eau de pluie, un laurier ou un abricotier.
La femme à trente ans. Âge immature, quand le bien-aimé t’entoure encore comme une eau chaude. Un jour d’été derrière les rideaux poussiéreux. Il est temps que tu portes des boucles d’oreille. Mais les oreilles refusent et enflent. Pendent lourdement comme des pots de fleurs. À trente ans, le souhait de faire de jolis enfants t’écrase pour de bon. Élever des enfants afin d’oublier l’attente des interminables nuits, avec des photos encadrées aux murs, afin d’oublier ce corps fripé, l’angoisse fermentant dans tes entrailles et les illusions qui tournent autour de toi. Tu te regimbes avec douceur : il reste encore tant à faire.
Naître de nouveau à l’approche de quarante-deux ans, de ce qui reste encore de toi : cartilages et os. Venir au monde en sachant que de temps à autre ce n’est qu’un lopin de neige sale. Sans qu’une membrane ni un son te protègent. Entrer dans l’air âpre, saturé et fatigué de ceux d’auparavant. Venir au monde lorsque le brouillard mord, assoiffé, l’écorce des bouleaux et les renards ivres sautillent. Venir au monde d’une larme. Et que de cette larme se coagule à nouveau le monde avec arbres, maisons et gens. Les voir tels qu’ils sont, avec leur chair, avec leurs désirs, tristesses et névroses crépis sur le cœur. Mettre la lune à sa place. Apprendre la patience des raisins et des coings. Et que ton corps t’appelle par ton nom chaque jour. Que tout soit simple, telle la recette d’un gâteau. Sans souci des nœuds de douleur qui viennent vers toi.
Je sarcle l’oignon en espérant apprendre comment chante la terre.
Maintenant, je regrette de n’avoir pas appris à coudre. Je n’ai appris à coudre ni des boutonnières, ni des fleurs sur l’étamine, ni des serviettes. Une seule fois j’ai réussi à faufiler un théier avec un nuage et une vache. Coudre, c’est fabuleux. On peut mettre des chiffons colorés sur la bosse gélatineuse des gens, on peut se faire des masques de taffetas, afin que les femmes-herminettes qui te poursuivent ne te reconnaissent pas, on peut se recoudre sur place, chaque fois que le jour se lève. Et toi, est-ce que tu le peux ?
le lointain, apparaissent un jour d’octobre sur le bout
apparaissent. Les unes ressemblent au chardonneret à la
fenêtre, les autres à un regard marron. Et souvent elles
s’étendent des croisements de mes paumes vers d’autres