
Eugène GUILLEVIC

Eugène Guillevic est né en Bretagne, à Carnac, haut-lieu mégalithique de la préhistoire, le 5 aout 1907.
Enfance démunie, sans tendresse, marquée par la dure personnalité de la mère. Ce fait entraînera le poète à oblitérer son prénom lorsqu'il choisira son nom d'auteur.
Après un baccalauréat de mathématiques élémentaires qu'il passe en Alsace, et dans
l'impossibilité matérielle de poursuivre les études supérieures de physique et de chimie qu'il désire entreprendre, il entre, après concours dans l'administration de l'Enregistrement à l'âge de 19 ans.
En 1935, à la suite d'un nouveau concours il est nommé au ministère des
Finances et des Affaires économiques. A partir de cette date, il vit à Paris. En 1967, il prend sa retraite d'Inspecteur de l'Economie nationale. Guillevic a donc mené de front deux carrières, celle de fonctionnaire chargé de lourdes responsabilités et celle de poète.
Bien que s'exerçant à la versification et écrivant de la poésie depuis son adolescence,
Guillevic est un poète qui a su attendre de mûrir avant de publier. Son premier recueil, Terraqué (de terre et d'eau), est publié chez Gallimard en 1942. Résistant, c'est autour de cette date, en pleine guerre mondiale contre le nazisme, qu'il adhère au Parti communiste clandestin. (Il avait été catholique pratiquant jusqu'en 1937, au moment de la guerre d' Espagne, ou il rompt avec l' Eglise...et il quittera le Parti communiste en 1980).
Guillevic a publié vingt-cinq recueils chez Gallimard dont : Carnac (1961), Sphère (1963), Euclidiennes (1987), Paroi (1970), Du domaine (1977), Etier (1979), Art poétique (1989), Possibles futurs (1996). Relier, son dernier recueil posthume, est sorti en 2007.
La poésie de Guillevic est traduite dans plus de quarante langues et de soixante pays. Il a lui-même une oeuvre importante de traducteur à partir de l'allemand : Hölderlin, Heine, Takl, Rilke, Brecht...et plus de cent soixante oeuvres en collaboration avec des peintres et des musiciens. Il a été l'ami de Jean Follain, Paul Valéry, Paul Eluard, Aragon, Picasso, Dubuffet, Léger...Il a reçu de grands prix internationaux de poésie ainsi que le Grand Prix de Poésie de l'Académie française et le Grand Prix National de Poésie. Il était président de l'Académie Mallarmé.
Il est décédé à son domicile, le 19 mars 1997 à Paris. Ses cendres reposent dans une lande néolithique, site des monuments historiques, à Carnac. En 2007, le Ministère de la Culture a inscrit son centenaire au calendrier des Célébrations Nationales.
Sa langue est simple, dense et c'est dans un lyrisme concentré que son poème déclare sa solidarité envers toute chose et toute vie. Avec le temps, il s'épure jusqu'à devenir « sculpture du silence ». S'exerçant à « tout rendre concret, palpable » dans un univers pour lui sans hiérarchie, Guillevic est habité par la nécessité intérieure non pas de se dire, mais de dire le monde, d'en inscrire l'équation dans un langage qui pénètre et révèle l'instantané insaisissable de l'être au coeur de la matière. Qu'il dialogue avec la pierre, la mer, l'arbre, l'herbe ou l'étoile, Guillevic en renouvelle la visée tout en conjuguant humour et rigueur mathématique afin de mieux cerner l'indéterminé.
Lucie Albertini-Guillevic
Décembre 2010