Florence PAZZOTTU
Florence Pazzottu vit à Marseille. Elle est l’auteure d’une quinzaine de livres (poésie et récits), publiés chez différents éditeurs (LansKine, Al Dante (Presses du réel), Flammarion, L’Amourier, Seuil, Commune, Cadastre8zéro…), d’un livre d’artistes (avec Giney Ayme), d’installations parfois présentées en expositions, et de sept films de cinéma régulièrement sélectionnés en festivals, notamment au FID (festival international de cinéma) Marseille.
Elle participe à de nombreuses rencontres, lectures, festivals, en France et à l’étranger, mais également à des revues. Elle a d’ailleurs co-fondé à Paris, avec Christiane Veschambre et à l’initiative de cette dernière, la revue Petite (1995-2005), a été membre du comité de rédaction d’Action poétique (de 2004 jusqu’à la fin de la revue en 2012), puis a pris la suite du poète Jean de Breyne (en 2017) pour l’animation de soirées « Cris poétiques » au Vélo-théâtre d’Apt (Lubéron), soirées désormais organisées par l’association Alt(r)a Voce en partenariat avec le CIPM – centre international de poésie de Marseille – et le Collectif et autres choses inutiles de Forcalquier (Alpes de Haute-Provence).
Certains de ses textes ont été performés, mis en musique ou créés au théâtre par d’autres artistes, et elle en a écrit certains pour Rachel Dufour et la Compagnie les Guêpes Rouges de Clermont-Ferrand, dont Alvie, pour Stand up / rester debout et parler, avec l’actrice et chanteuse congolaise Alvie Bitemo, création qui a obtenu le prix humour SACD en 2017.
Ses deux derniers films, continûment occupé des choses de l’amour (30’) et Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud (60’), d’après le texte éponyme du poète américain Jack Spicer, ont fait partie de la sélection du FID en 2022 et 2021, Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud ayant été également lauréat du prix du Meilleur film expérimental en septembre 2021 au Blackboard international film festival en Inde.
Ses deux derniers livres, J’aime le mot homme et sa distance (cadrage-débordement) et Le joueur de flûte – avec des encres de Hugues Breton, ont paru, respectivement, en 2020 et en 2022, aux éditions LansKine, ou a paru également, en 2023, dans la collecion Poche nouvellement créée, son livre L’accouchée (Comp’Act 2002, avec une postface d’Alain Badiou), longtemps resté introuvable.
Le projet « Mina H contre Dracula » présenté avec l’artiste, graveur sur bois et auteur Olivier Deprez, a été lauréat de la bourse Arcane 2023*.
Son travail vidéographique est produit par Altra Voce à Marseille, et certains de ses films-poèmes sont visibles en ligne sur le site www.altravoce-Marseille.com.
* Bourse attribuée par l’Adagp et la Sgdl pour la réalisation d’un livre d’artistes.
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(Petite 7)
Petite, parfois je ne savais plus rire : j’usais, anxieuse, mon rire
entier en un éclat et j’ignorais la légèreté de qui n’a nul besoin pour
se réjouir de faire partie du jeu.
(Petite 9)
Petite, j’avais une tendresse particulière pour tout ce qui est petit
sur la terre ; j’étais la mère des thomises, la sœur des cousins, la
cousine des fleurs ; je n’en étais pas moins l’égale des grands ; la
vie avait pour moi de grands projets.
(Petite 13)
Petite, j’aimais m’asseoir au bord de l’eau : parfois, je regardais
la mer ; parfois, seule la mer était là.
(Petite 22)
Dans ma main, petite, le monde tenait tout entier ; la chair d’un
abricot, je participais à la sève des choses ; il n’y avait que des
premières fois : la première amande fraîche, la première cerise
goûtée sur l’arbre ; une fram-boise, c’est l’éclat fragile déjà sombre
de l’été qui roule et s’effrite entre nos doigts ; il n’y avait que des
premières fois ; le monde est une piste de danse ; un croche-patte
–et nous étions les étrangers pour toujours, les détraqués, les
solitaires.
rire
rire
c’est
irréductible
réel
qu’un trop-plein
expulse
- et réserve
alors
est un rire d’or
chaudron
en même temps que pépite
qui délivre – et éclaire
par explosion
de corps obscur
((ce piège d’homme))
éveillant l’ailleurs
qu’est l’ici même
décollement de rives
s’y fomente le rien
qui fonde
Chevauchée
(avec ou sans capture)
rien
ce n’est pas rien
c’est toujours
quelque chose
quelque part
quelque temps
le vide
est le substrat multivers
du présent univers
ce que prouve
l’explosion
des étoiles lointaines
Mais les Rroms Manouches Tziganes
– qui ne sont pas tous d’exotiques
nomades étrangers venus d’une Inde
mythique –, mais les Manouches Rroms
Tsiganes – qui n’ont pour point commun
que le regard malade qu’une Europe
malade, dissociée, porte sur eux –,
mais les Tziganes Rroms Manouches ne sont pas
à intégrer ils sont des parties du corps
de l’Europe que soudain elle rejette
ne veut plus reconnaître les ayant transformés
au xxe siècle par statut d’exception
en errants apatrides. Dix mille
en Bosnie-Herzégovine, mille cinq-cents
au Monténégro, dix-sept mille
en Serbie… Et combien dans nos centres
de rétention français, enfermés
jusqu’à ce qu’un pays ou un autre
où ils n’ont parfois jamais posé
le pied déclare les reconnaître ?