Ito NAGA
Né en 1957, Ito Naga est astrophysicien. Il a travaillé à la NASA et à l’Agence spatiale européenne. Il a publié trois recueils de poésie chez Cheyne éditeur, notamment NGC 224 (Cheyne, 2014). A son propos, Jean-Pierre Siméon, directeur de la collection Grands fonds dans laquelle paraît le recueil, écrit : " Depuis Je sais, son premier livre, on connaît la manière subtile d'Ito Naga, son art de débusquer sous l'apparence ordinaire de l'évidence, cet entrelacs de sens et de correspondances secrètes que cachent l'événement infime et l'instant banal. Voilà qu'aujourd'hui, l'astrophysicien qu'il est aussi, nous invite à sa façon toujours enjouée, à partager son regard sur ces lois aussi exactes que mystérieuses qui régissent la grande demeure universelle. C'est bien sûr au rebours du discours savant et de l'exposé sévère qu'il nous conduit par touches successives dans l'intelligence de la mécanique des astres." [Extrait de la 4e de couverture de NGC 224, Cheyne, 2013)
Deux millions d’années-lumière entre NGC 224
et nous, c’est beaucoup ou ce n’est pas beaucoup ?
Si en ce moment même, on regarde la Terre
depuis NGC 224, on voit seulement apparaître
les premiers hommes.
Je sais que, pour retrouver son calme, Sôseki décrivait ses colères sous forme de haïkus : toute sa fièvre résumée dans 5 + 7 + 5 syllabes !
Regarder quelqu’un écrire, voir les mots naître sous sa
plume comme si l’on remontait par son bras au plus
près de sa pensée.
Une simple ondulation– Dans ce temple au Japon, la profondeur du ruisseau ne dépasse pas cinquante centimètres. Au-delà, le vent produirait des vagues et non plus une simple ondulation à la surface de l’eau.
À cette heure de pointe dans le métro, je suis à la même distance de cette femme que son amoureux. Pourtant, je n’entends rien de ce qu’ils se disent. Comme s’ils utilisaient une fréquence réservée.
Il peut y avoir beaucoup de mots dans une phrase. Et beaucoup de choix pour chaque mot. Au total, cela fait beaucoup de possibilités.
Et parfois naissent des petits vertiges.
Constellations– Les constellations n’existent que dans notre esprit. Les étoiles qui les composent ne sont que des bulles de gaz chaud isolées les unes des autres. Pourtant notre esprit trace des lignes entre elles et les relie. Elles forment un fond sur lequel on évolue et dont on s’éprend. Notre relation au monde est irrésistiblement affective.
Instant… libérateur– Je multiplie les mots sur des bouts de papier. J’attends qu’ils m’apaisent ou qu’ils me propulsent mais à peine écrits, ils perdent déjà leur pouvoir. En réalité, c’est l’instant où je les écris qui est libérateur.