Marie ETIENNE
Marie Etienne a passé les 25 premières années de sa vie au Vietnam, en Côte d'Ivoire, en Allemagne, au Sénégal. Après avoir enseigné dans un lycée de Sologne, elle a travaillé dix ans avec Antoine Vitez, d¹abord au Théâtre des Quartiers d'Ivry, puis au Théâtre national de Chaillot, comme Secrétaire général, corollaire littéraire de l'Administrateur. A ce titre, elle avait la charge des Images et des Mots que produisait le théâtre, ainsi que des lectures de poésie. Elle est ensuite passée par l'édition de livres et de revues, dans le cadre de l'Education nationale.
Tout en poursuivant son activité de critique à la Quinzaine littéraire (à laquelle elle collabore depuis 1985), elle s'attache désormais à écrire les nombreux livres dont elle a le projet.
A la multiplicité des lieux de vies et des activités professionnelles, correspondent, presque naturellement, la variété des sujets abordés et des genres .
Si Marie Etienne a vécu dans différents continents, travaillé, outre celui de l'enseignement et de l'édition, dans l'univers du théâtre et de la critique littéraire, elle a également souhaité s'exprimer en poète de son temps (sans oublier la beauté et l'efficacité des formes du passé), et en prosatrice attachée à témoigner et à préserver la mémoire de ce et ceux qu'elle a connus.
Sonnet
jeudi 28 à 10 heures du matin. hier je pensais ne
regarder qu'un seul nuage. pour être sûre. pour être
sûre de ne rien perdre. ce matin j'ai tiré les rideaux. j'ai
regardé le ciel du côté du clocher. il était gris.
d'un bout à l'autre du châssis dormant. pas un nuage.
mais plusieurs assemblés. piqués entre eux. si
proprement que la couture est invisible. et que le ciel
entier est recouvert d'un quilt éteint.
heureusement l'arbre demeure. les feuilles supérieures à
peine jaunissantes. les branches remuées dans la
délicatesse. tantôt de haut en bas et tantôt de côté.
c'est la douleur de l'arbre. sa perfection instantanée.
anton tchekhov. et s'exprimer
ainsi. uniquement ici. par de la grâce.