Patrick DA SILVA
Patrick Da Silva né en 1956 à Clermont-ferrand, a toujours vécu et travaillé en Auvergne où il écrit depuis une vingtaine d’année.
Depuis dix sept ans j’écris, j’ai essayé d’autres armes, celle-là porte à la plaie. C’est une vieille histoire, une histoire d’enfance bien sûr et d’avant pourquoi pas. Cette évidence : le monde ne tient pas dans le monde, ça ne tient pas dans la peau, le monde et tout dans le monde, est plus grand que sa peau. Quelque chose se dérobe, se voile, quelque chose ne se dit pas, ne s’écrit pas. Toujours un hiatus, toujours un reste, ces équations insolubles : les vivants et les morts, les hommes et les femmes, les humains et les bêtes, les pauvres. Les lèvres s’aimantent et ne se soudent pas. L’ennemi se dérobe, camoufle, se joue et nous enseigne. Devant ce qui se dérobe, se refuse, se clôt, se brise, devant ce qui chute et qui s’échappe, se tait : écrire. Ecrire avec ça. Qui ne s’écrit pas. Me tenir à l’aplomb de la faille, à l’affût. Et même si, je le sais, mon ignorance et le mystère ne font que croître, j’aurais toujours du mystère dérobé quelques grains, j’aurais effleuré l’ennemi, senti quelque fois son souffle, je lui aurais volé, de-ci de-là, un peu de sang à infuser dans la chair de ce monde.