Philippe DELAVEAU
Philippe Delaveau (né en 1950 à Paris), après une enfance à Paris, en Touraine et en Angleterre, a vécu six années à Londres, pendant les années 80, avec sa femme et ses enfants. Ce séjour lui a permis de découvrir sa voie – et sa voix : refusant les seuls jeux de langage, il a tenté de concilier la modernité et l’héritage d’une tradition vivante dans la quête d’une langue susceptible de dire l’éternel, réintégrant syntaxe et musicalité dans le poème.
Pour lui, le poète est un veilleur dans un univers en proie au désastre, à qui la poésie peut offrir les ressources de ses formes innombrables, qui relèvent d’un Logos fondant à son tour un langage à l’intérieur de la langue, et osant dire ainsi le sens qu’elle découvre dans la réalité existante.
Auteur d’une dizaine de recueils de poèmes, la plupart publiés par les éditions Gallimard, de traductions de l’anglais et de l’espagnol, de nombreux ouvrages réalisés avec ses amis peintres (Baltazar, Bertemès, Cortot, Greder, Hélénon, Laubiès, Pouperon…).
Il est membre de l’Académie Mallarmé, du P.E.N.-Club de France et membre du jury du prix Apollinaire.
Philippe Delaveau a reçu le prix Apollinaire (1989), le prix Max Jacob (1999), le Grand Prix de l’Académie française « pour l’ensemble de son œuvre » (2000) et le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres (SGDL) "pour l'ensemble de l'oeuvre", à l'occasion de la sortie du Veilleur amoureux en "Poésie/Gallimard" (2010).
CERISIERS
Arbres en fleurs dans le verger, tout est blanc sur les branches.
La plaine ici confectionne des ailes pour s’élever
dans la hiérarchie des aurores jusqu’au ciel.
Je découvre combien sont sales nos mains qui ont serré la pince
pour opérer à chaud sous le capot de la voiture, transie de haut silence.
Et le buste penché comme celui qui prie.
Serrant, serrant avec la pince et le chiffon taché d’huile.
Capot brûlant. Brûlant intensément. Plus que mon cœur.