
Pierre SOLETTI

Pierre Soletti est poète, dramaturge et éditeur.
Enfant, il dessinait des poèmes à la machine à écrire. Plus tard, c'est sur les murs des villes qu'on le surprendra à peindre des signes.
Il sculpte des copeaux de mots pour la scène (Coucou (théâtre jeunesse), D'accord (opéra-rock), Auguste ne sait plus grand-chose du monde (théâtre),
DOWNTOWN18 (concert dessiné – avec le groupe Facteur Zèbre), Petit Théâtre Nomade (théâtre d'objet), Mon cher papa (théâtre de marionnettes)…
Pierre Soletti est un tricoteur de mots, bidouilleur de sons, tripatouilleur d’encres diverses (de celles qui s’obstinent longtemps sur les doigts…).
Il écrit pour le spectacle vivant et se produit régulièrement sur scène : lectures publiques ou concerts avec Facteur Zèbre.
Il mène de nombreuses actions en faveur de la poésie actuelle et confectionne des livres d’artiste.
Ses écrits et écarts graphiques débordent régulièrement des murs de musées nationaux ou de divers lieux, plus ou moins consacrés à l'art.
Il illustre parfois ses propres livres qui sont traduits, non pas en justice, mais en arabe, en slovène et en italien, en attendant que d’autres langues veuillent bien se délier.
Auteur associé du Centre de Créations pour l'Enfance ‒ Maison de la Poésie de Tinqueux et membre du collectif Ma-Théâ.
j’ai coincé pour toi
un bout du temps
dans le vent
un bout de temps
rien qu’à nous
un bout de bon temps
‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘
‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘
‘ ‘ ‘ ‘ ‘
et le mauvais temps
n’en saura rien
. . .
quand la lune dépassera d’un poème d’Henri Michaux
lassée d’être toujours coincée entre deux pages
. . .
la vie parfois
ressemble à un sale type
qu’on a envie d’attraper
par les oreilles
& de secouer
secouer
secouer
jusqu’à ce qu’il en tombe
quelque chose
livre de moindre | minuscules d’oiseau | majuscules d’herbes | branches d’imprimerie | feuilles d’encre | . . .
je relis les mots où par inadvertance
une fourmi gloutonne d’espaces blancs
traverse la page / banquise ultrafine
je ne sais pas dessiner
le souffle qui éteindra tout
mais je sais que
la véritable force du souffle
n’est pas celle qui éteint le feu
mais qui l’allume
partout
galoper
comme si
au bout
il n’y avait pas
de bout
continuer sans se
poser
un instant
continuer
comme si tout ça
allait continuer
toujours
je fais des trous dans le ruban
de la machine je troue les
mots
toi tu t’en fous
tu chapardes mes chutes
tu escamotes mes fins
tu voles à mi-temps
mes temps pleins
tu dors
J'ai coincé pour toi
un bout de vent
dans la pluie
un morceau de brume
à remonter le temps
avec trois bouts de ficelle
et deux morceaux de scotch
un tunnel de carton
et deux lampes de poche