Yadollah ROYAÏ
Yadollah Royaï né à Damghan (Iran), a fini ses études de doctorat en droit international à Téhéran, il vit et travaille actuellement à Paris. L’une des figures majeures de la poésie persane dont le domaine embrasse l’Iran, l’Afghanistan, le Tajikistan et les régions persanophones d’Asie centrale : Ousbékistan etc… il a publié, en Iran et en France, de nombreux recueils de poèmes ainsi que quatre grands essais comportant ses réflexions sur la poétique. Auteur de fameux manifeste de « poésie de volume, poésie d’espacement » (Téhéran 1969), il est aujourd’hui considéré comme chef de file d’un mouvement qui porte le nom « Espacementalisme » (ou poésie de volume), animé par les poètes de la jeune génération.
« Je convoque l’indicible en appliquant la technique de mettre entre parenthèses mes visions reçues, système husserlien de la phénoménologie que je personnalise dans le domaine de ma poétique:
Ainsi par la mise en suspens de l’objet et de l’apparence visuelle, le poète trouve l’occasion de faire un second retour à la chose. Et dans cette attente, l’invocation de l’indicible se produit. C'est-à-dire que tout irréel, ayant un point de départ réel, glisse dans notre pensée à partir de sa réalité d’origine, et y affiche une finalité de celle-ci. La finalité des choses, nous la découvrons sinon l’inventons, alors qu’en pratique elle se révèle à nous dans l’espacement de notre retour à la parenthèse, où, l’apparence absorbée par le mental, finalité la supplante. « Il faut d’abord perdre le monde par Epokhé pour le trouver ensuite dans une prise de conscience universelle de soi-même »(Husserle). Cette finalité de l’objet (la chose) prend corps ainsi sur la page par les mots qui la concrétisent au sein d’un langage qu’ils sont capables de créer, et est le produit d’une combinaison antérieur à notre corps. »
« Je n’écris pas ce que je pense. J’écris ce que l’écriture me fait penser. C’est plutôt la combinaison des mots qui me pense, et qui m’apprend la pensée ».