Colloque
- Le CTEL (Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la littérature et des arts vivants)
- La Ville de Nice
- Université Côte d’Azur
- Université Nice Sophia-Antipolis, Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
proposent le colloque « Articuler Danse & Poème : enjeux contemporains » les jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14 octobre prochains à l’Université de Nice Sophia-Antipolis (Campus Carlone).
Ce colloque réunira des poètes, des danseurs, des chercheurs en littérature et en danse. Il donnera à entendre, mais aussi à voir, à partager et à sentir, à travers des lectures, des performances-ateliers, des projections.
Argument
La question des liens entre danse et poésie renvoie à l’une des gémellités artistiques les plus singulières du siècle passé. Une complicité singulière mais néanmoins problématique, à en croire les rendez-vous manqués de son histoire. Si les poètes de la modernité – tels Mallarmé, Valéry ou Rilke – ont érigé la figure de la danseuse en objet de culte poétologique, y devinant la promesse d’une régénération verbale, les danseurs modernes n’ont que très rarement donné suite à cet enthousiasme. À l’inverse aujourd’hui, si nombre de projets chorégraphiques disent s’inspirer de près ou de loin de la littérature, la plume des poètes semble avoir, à quelques exceptions près, déserté le champ thématique de la danse.
Posé en ces termes, l’horizon de la rencontre s’avère déceptif. Il ne l’est toutefois qu’en raison d’une certaine façon d’envisager le dialogue danse/poésie toute focalisée sur les signes explicites de leur commerce. Nous pensons que cet horizon appelle aujourd’hui sa réouverture, à une époque contemporaine pensée comme le moment d’un renouvellement possible de la question comparatiste et du dialogue entre les arts. Qu’ils le taisent ou non, les poètes se déplacent dans leur monde linguistique comme les danseurs dans la sphère de leurs gestes, ce que savent celles et ceux qui se sont engagés au croisement de ces deux pratiques.
Ce renouvellement s’appuie aujourd’hui sur des indices factuels (multiplication de créations scéniques, de festivals, de colloques, de publications mettant en perspective littérature et danse), sur des intuitions fortes nourries tant chez les danseurs que chez les poètes, ainsi que sur une double reconnaissance académique : celle de l’écriture comme expérience corporelle qui rend compte de l’épreuve physique de la langue, celle de la danse comme champ artistique à part entière qui explore les ressources de notre pensée motrice.
Aujourd’hui encore à l’état de friche, ce réseau de faits et d’intuitions n’a pas forgé les outils de sa compréhension. Il donne toutefois une direction de travail : opérer le basculement du plan strictement poétique de la rencontre vers son plan poïétique, en ne faisant de la dimension thématique que le symptôme d’une convergence plus intime, plus invisible aussi. Et renouant en cela avec la spécificité du poème dans le champ littéraire, lequel mouille ses mots jusqu’aux sources de la langue et cherche à retenir son geste dans le poïen. C’est à cet endroit, celui des processus de création, que danse et poésie semblent entretenir des liens privilégiés, et même nécessaires. Comment interroger la fabrique de la danse lorsqu’elle se frotte au poème, et vice versa celle du poème lorsqu'il se frotte à la danse ?
Quels effets ces rencontres et les créations qu’elles engendrent provoquent-elles sur la perception de la danse ou sur celle du poème, par les artistes eux-mêmes, par le public convoqué ?
La proposition consiste ici à articuler. Articuler danse et poème, tout en accueillant la multiplicité des pratiques et des discours, à savoir : explorer la complexité de ce nouage et les différents lieux de sa manifestation. Et doubler cet effort d’un second qui vise à articuler l’expérience vécue avec le geste de son ressaisissement théorique.
Retrouvez le programme de ce colloque en téléchargement.